2024
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Floriane Rascle, « Fêlures, éclats et exsudations du corps dans Histoires parallèles », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.fc6072...
La fiction qui se déploie dans Histoires parallèles se défend de faire œuvre historique ou documentaire mais elle tisse d’inexorables liens avec l’histoire européenne des années 1920 à 1989, c’est-à-dire de la régence nimbée de national-socialisme de l’amiral Miklós Horthy à la chute du mur de Berlin. Décrivant avec précision la consistance de l’étron de merde ou celle de la gelée humaine que constituent la cervelle, le sang et l’urine des corps écrasés, l’écriture de Péter Nádas peut être qualifiée de corporelle – voire d’organique, parfois de génitale. Elle s’attache avec minutie à dépeindre les corps pris dans les rets de l’Histoire, ces corps qui gardent trace des rêves totalitaires, des stratégies politiques et des pratiques sociales mais aussi de la censure et des interdictions qu’ils produisent. Une des forces du roman réside dans l’organisation de la rencontre entre la profondeur philosophique d’une réflexion sur l’Histoire, sur les enjeux de son écriture, et l’inscription radicale de cette même Histoire dans des tissus organiques et des fluides corporels donnant lieu à des récits à la puissance visuelle stupéfiante. Dans un jeu de correspondances, la haute teneur philosophique et politique du roman se mesure à l’aune de sa propension à sonder l’abject, l’hyper-organique et l’hyper-sexuel.