1 janvier 2021
Jean-Baptiste Santamaria, « « Le contrôle de la recette générale de toutes les finances des ducs de Bourgogne par les Chambres des comptes de Dijon et de Lille : l’État bourguignon entre centralisation et bipolarité (1384-1419) » », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.fcoeu2
Le compte de la recette générale de toutes les finances, qui permettait d’assurer les dépenses centrales de l’administration et de la cour bourguignonne, donne l’impression d’une solide permanence du fait de l’existence d’une série quasiment continue conservée à Dijon et Lille. La solidité réelle de la machine bureaucratique bourguignonne ne doit cependant pas occulter les multiples vicissitudes accompagnant le processus de formation d’une administration financière organisée par Philippe le Hardi à partir de 1384 autour de deux Chambres des comptes fonctionnant en réseau et associant la Chambre royale de Paris. La décision de Jean sans Peur de transférer provisoirement l’examen de la recette à Lille amorce un tournant décisif dans l’histoire du contrôle de cette recette, une translatio computorum qui ne s’achève que sous Philippe le Bon. En analysant les conditions techniques et matérielles du contrôle, on observe combien fut décisive au sein d’un État encore très lié à Paris, la circulation des pratiques et des normes à l’intérieur d’une aire culturelle sur le plan administratif, sans supprimer pour autant les résistances locales ou les pratiques propres au style de chaque administration provinciale : émerge ainsi plus clairement le caractère original d’une construction politique n’opposant pas nécessairement progression de l’État moderne, centralisme opportuniste et maintien de structures régionales héritées des principautés antérieures à l’avènement des ducs Valois de Bourgogne.