2008
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Pierre Guichard, « Le voyage des objets », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (documents), ID : 10670/1.fd330b...
Au Moyen Âge, de nombreux objets de luxe (tissus, ivoires) sont parvenus à l’Europe Latine depuis le monde byzantin et surtout le monde musulman. Ce mouvement s’est poursuivi à l’époque moderne avec les importations de tapis orientaux ou de céramiques chinoises, et a pris à partir de la fin du XVIIIe siècle une grande importance du fait des voyages d’exploration et de la colonisation. Il s’est prolongé jusqu’à aujourd’hui sous la forme d’une importation commerciale d’objets d’art et d’artisanat, ainsi que d’articles « ethniques » venus des autres continents. L’Occident a toujours été attiré par ces témoignages des civilisations non européennes, bien que selon des modalités très différentes selon les époques, la connaissance que l’on avait du reste du monde, et l’évolution des intérêts et des goûts. Cette communication s’interrogea d’abord sur le voyage de ces objets, évidemment parallèle à celui des hommes, commerçants, explorateurs, militaires, plus récemment touristes, mais évidemment dans le sens d’un retour qui souvent a moins attiré l’attention que l’aller. Elle voudrait aussi s’intéresser aux conditions de leur réception et à l’intérêt que leur a été accordé, depuis les bacini musulmans, produits du commerce ou de pillages, dont les Pisans des XIe-XIIe siècles décoraient les façades de leurs églises, jusqu’aux « fétiches » africains importés des colonies, qui, au début du XXe siècle, influencent un petit groupe d’artistes et d’intellectuels. Mais ceux-ci ne les « découvrent » que parce qu’ils circulent déjà en grand nombre et ont été rapportés par des officiers, fonctionnaires, missionnaires, qui sont d’une façon ou d’une autre intéressés. Il n’est évidemment pas question d’épuiser un sujet aussi vaste, mais seulement de montre la continuité de cette ouverture aux mondes extra européens à travers l’histoire de l’Occident, et peut-être d’ouvrir quelques lignes de réflexion.