L’amoureuse rage. Agrippa d’Aubigné poète profane

Résumé Fr

Si Agrippa d’Aubigné représente pour la postérité l’auteur à contre-courant des Tragiques, il était reconnu par ses pairs comme l’un des poètes de la fin du siècle chantant l’amour ou maniant la satire dans l’esprit du temps. Les manuscrits conservés à Genève recueillent un important massif de poèmes profanes dont certains connurent une diffusion autonome avant d’être pensés sur le tard comme un ensemble structuré répondant au nom de Printemps. Si cette production offre des joyaux du langage néo-pétrarquiste alors dominant, il donne aussi à entendre les accents vibrants d’une poésie tragique, imprégnée de la véhémence d’un genre théâtral en vogue, sans pour autant renoncer aux traits d’esprit ni aux railleries d’une veine « folâtre ». Dans la continuité de l’édition critique du Printemps, parue en 2019, et de son hypothèse herméneutique, ce livre entend remettre à sa juste place un corpus encore méconnu, longtemps desservi par une publication parcellaire, étouffé par l’œuvre albinéenne elle-même et minoré, de surcroît, par une histoire littéraire frileuse. De la fabrique du recueil à celle du texte, des sociabilités littéraires aux modèles d’écriture, des identités féminines à la représentation de soi, de la fureur de l’amant au rire de l’auteur, il espère embrasser, dans sa diversité déconcertante, l’expression poétique de « l’amoureuse rage », sans laisser dans l’ombre les pièces injustement exclues des Printemps jusque-là imprimés.