Aubigné-Racan (Sarthe, Pays de la Loire). Le site antique de Cherré et son environnement de la Protohistoire au début du Moyen Âge. Rapport d'activités scientifiques 2023

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Exploré dès les années 1870, le site de Cherré à Aubigné-Racan (Sarthe) a principalement été étudié au cours d’une vingtaine de campagnes de fouilles programmées, dirigées par Claude Lambert et Jean Rioufreyt entre 1977 et 2007. Six édifices publics de l’époque romaine – un théâtre, une place-marché, un monument à double galerie, un lieu de culte, des thermes et un aqueduc –, complétés par diverses constructions plus modestes, ont été identifiés au cours de ces recherches, ainsi que des aménagements plus anciens, rattachés à la Protohistoire (nécropole tumulaire, sanctuaire gaulois) et plusieurs espaces funéraires médiévaux. Ce projet collectif de recherche, initié en 2022 et auquel contribue une vingtaine de chercheurs, vise à reprendre et à approfondir l’étude des données accumulées depuis le XIXe s. et à acquérir de nouvelles connaissances sur l’environnement des monuments, implantés à quelques centaines de mètres au nord d’un méandre du Loir.En 2023, l’analyse a porté en particulier sur le sanctuaire, la place-marché et le monument à double galerie, qui ont fait l’objet de nouvelles synthèses préparées à partir des informations recueillies lors des fouilles et, pour ce dernier, de prospections géophysiques réalisées en 2022 (réal. Stanislas Bossard, Yvan Maligorne). Le dossier du sanctuaire a par ailleurs été enrichi grâce à l’étude des fragments d’enduits peints, de stucs et de revêtements en pierre qui relevaient du décor de son temple monumental (Lucie Lemoigne et Sébastien Cormier) ; les plaques et dalles en calcaire, brèche et roches marbrières issues de l’édifice thermal voisin ont également été étudiées (Sébastien Cormier), tandis que le prélèvement d’échantillons de moellons et de mortiers, couplé à un examen macroscopique des maçonneries conservées en élévation, sur le site de Cherré, ouvrira la voie, en 2024, à de nouvelles réflexions sur les matériaux et les techniques de construction mises en œuvre pour l’édification des différents monuments (Arnaud Coutelas et Alexandre Polinski).Par ailleurs, l’extension des prospections magnétiques sur près de 10 ha (Bastien Gouhier) a permis d’identifier, selon toute vraisemblance, un autre tumulus rattaché à la nécropole protohistorique, un bâtiment antique jusqu’alors inconnu, situé à l’ouest des thermes et du sanctuaire, plusieurs chemins, des fossés parcellaires probablement récents et des zones de concentrations d’anomalies dipolaires qu’il est difficile d’interpréter en l’état des connaissances.Enfin, l’analyse du mobilier collecté sur le site de Cherré a progressé, en 2023, avec l’examen d’une partie de la céramique (Ombline Grosbois) et de la faune (Chloé Genies) de la place-marché, fréquentée entre le Ier s. et le IVe s. et où a été manifestement vendue, en grandes quantités, de la viande bovine. S’y ajoute la préparation du catalogue des 33 monnaies antiques du théâtre (Gérard Aubin), l’étude anthropologique des restes issus de 41 sépultures médiévales (Élodie Cabot et Ralph Girault) et la réalisation de dessins et de photographies de l’ensemble de l’instrumentum, soit plus de 550 objets aux fonctions variées (Stanislas Bossard et Christophe Loiseau, avec la contribution des étudiants de Nantes Université).