2009
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Yvon Keromnes, « Représentation et traduction: le réalisme en question », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.fe81d0...
Comment traduire ? Cette question repose sur d'autres questions, philosophiques, touchant à la perception, au jugement, à l'expression et à la représentation. Répondre à ces questions dans le cas de la traduction littéraire, c'est chercher des éléments de réponse dans différentes disciplines en tenant compte de la spécificité de cette pratique. Cette dernière repose sur une théorie implicite du langage qu'il s'agit d'objectiver pour rendre la pratique réfléchie. La philosophie peut contribuer à cette théorie objectivée dans la mesure où elle intègre les connaissances de disciplines positives telles que la neurophysiologie, qui a permis de montrer qu'il n'est sans doute pas de perception qui ne soit déjà catégorisation. Et qu'une représentation mentale est une façon de simuler une perception. De telles idées se retrouvent dans l'oeuvre d'écrivains réalistes contemporains comme I. Murdoch et A.S. Byatt, qui visent à représenter le monde tel que nous le percevons et le comprenons. Le traducteur doit pour sa part élaborer sa propre représentation de l'oeuvre sur laquelle il travaille, une représentation non verbale et sans doute essentiellement visuelle, avant de trouver ses mots en adéquation avec la représentation ; ce qu'il fait dans une quête éthique de perfection, en sachant que son oeuvre restera imparfaite. Le rôle de la théorie est alors d'objectiver cette quête.