Les deux traités de la personne. Locke et l’idée de propriété de soi

Résumé En Fr

The notion of a person plays a critical role in two distinct parts of Locke’s works, but it has often been supposed that the two uses of the notion were largely unrelated. This article contends, on the contrary, that there is sufficient similarity between the treatise on personal identity which can be found in chapter 27 of the second book of Locke’s Essay Concerning Human Understanding and the chapter on property in his Second Treatise of Government, to conclude that a similar theory of individuality and personality is at work in the epistemic and metaphysical perspective and in the social and political perspective. In both cases, the idea of property of oneself and the notion of appropriation turn out to be decisive, and account for the relationship between a person and her conscious thoughts as well as for the relationship between a person and material goods. Such an interpretation suggests the existence of a single and consistent concept of property in Locke’s work.

Si la notion de personne intervient de façon décisive, chez Locke, dans deux parties du corpus, ces deux usages ont souvent été considérés comme sans rapport l’un à l’autre. Nous tentons de montrer au contraire qu’entre le traité de l’identité personnelle (au chapitre 27 du livre II de l’ Essai sur l’entendement humain) et le chapitre sur la propriété du Second traité du gouvernement, des similarités suffisantes existent pour qu’on puisse conclure à l’existence d’une même théorie de l’individu et de la personne, à l’œuvre dans la perspective épistémique et métaphysique, et dans la perspective sociale et politique. C’est à chaque fois l’idée de propriété de soi et la notion d’appropriation qui s’avère décisive, aussi bien pour comprendre le rapport de la conscience à ses contenus de pensée que pour comprendre le rapport de l’individu aux choses matérielles. Cette lecture permet alors de défendre, contre l’hypothèse d’une dualité irréductible de sens, la thèse d’une cohérence de la notion de propriété chez Locke.