7 mars 2006
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Heyraud Violaine, « Le récit chez Feydeau : impossible et nécessaire », Loxias, ID : 10670/1.ffaz1z
Dans le théâtre de Feydeau, on montre plus que l’on ne raconte. Et pourtant, dans ces vaudevilles où le spectaculaire l’emporte sur le diégétique, le récit est un élément dramaturgique indispensable : il répond aux nécessités de l’exposition ; du fait même du resserrement temporel et du confinement spatial, c’est lui qui fait exister les événements passés et le hors-scène qui viennent alimenter l’action. Si le récit est nécessaire à l’introduction d’éléments extérieurs au huis-clos scénique, quelles sont ses conditions d’insertion dans cet ensemble où la brièveté des répliques est de mise ? Le récit est ici soumis, dans l’écriture dramatique, aux impératifs de légèreté, de mouvement et de concision, et requiert certains moyens spécifiques, tels que, entre autres, le présent de narration, les discours rapportés au style direct par le locuteur, et les récits parodiques. Pourtant, s’il redouble la représentation, le récit n’est pas un simple accessoire : il constitue un obstacle majeur dans ces intrigues où la vérité est dangereuse, et où l’on redoute ceux qui peuvent relater les événements avec objectivité. Le récit est donc bien souvent retardé, parasité, interrompu voire empêché. Les personnages ont parfois des défauts d’élocution qui nuisent à la transmission référentielle. Support de la représentation, le récit dans le vaudeville, est aussi plus qu’un instrument : il trouve sa place au centre de la situation et ouvre de nouvelles réflexions linguistiques à la charnière du XIXe et du XXe siècles.