2014
Cairn
Annick Lallemand, « Le vase à parfum a-t-il été brisé à Béthanie ? Quelques réflexions sur le sens de συντρίψασα dans l'Évangile de Marc, 14, 3 », Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes, ID : 10670/1.ffhrm6
Le verset de Marc, 14, 3 est compris comme l’acte d’une femme qui brisa un flacon en albâtre contenant du nard très coûteux avant de le verser sur la tête de Jésus chez Simon le lépreux avant la Passion ; or cette suite de gestes n’a pas de logique. On doit donc s’interroger sur les sens possibles du verbe συντρίψασα (frotter ensemble avec vigueur, briser en morceaux). Ἀλάβαστρον ne devrait pas être traduit par « flacon en albâtre », mais « vase à parfum », car la matière n’est pas précisée ici. La femme a pu briser le cachet qui maintenait le bouchon. Elle a pu aussi, comme c’était l’habitude, triturer le mélange visqueux avant de le verser. Le sens figuré « le cœur brisé » qui conviendrait ici, doit être écarté à l’actif en l’absence de complément à l’accusatif. L’acte de briser le vase a dû remplacer le geste banal d’ouvrir un vase ou celui de malaxer un parfum gras, pour accentuer le caractère dramatique et exceptionnel de la scène.