Coexister avec la douleur et l'exigence de sens pour le patient

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17 octobre 2017

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Éric Delassus, « Coexister avec la douleur et l'exigence de sens pour le patient », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.ffwvtp


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Résumé Fr

Rien ne peut justifier la souffrance et pourtant, celle-ci est une dimension incontournable de la condition humaine. Est-ce à dire que l'existence humaine est par là même dénuée de sens et qu'il est impossible d'accéder à ce que les anciens appelaient « la vie bonne », la vie pleinement humaine et qui mérite d'être vécue, en raison de cette présence incontournable de la souffrance ? La notion de sens est couramment définie à partir de ses trois acceptions principales, les sens par lesquels nous percevons notre corps et le monde qui nous entoure, le sens comme signification et le sens comme direction. Ce qu'il y a de commun à ces trois significations du terme de « sens » n'est rien d'autre que l'idée de relation. Par les cinq sens chacun est relié à soi-même, aux autres et au monde qui l'entoure. Le sens comme signification exprime le lien entre un signifiant et un signifié. Quant au sens comme direction, il exprime une relation entre un point de départ et un point d'arrivée et renvoie par là même à la notion de finalité. Or, si la question du rapport entre sens et souffrance se pose, cela vient principalement que la souffrance a tendance à rompre tous les liens. L'être qui souffre ne perçoit plus que sa souffrance et ne parvient qu'au prix d'efforts considérables à percevoir les autres et le monde qui l'entoure. L'être qui souffre-et son corps, qui souvent se recroqueville, l'exprime-a tendance à se replier sur lui-même et à ne plus être en mesure de trouver une signification à son existence, à ne plus viser aucun autre objectif que de voir son calvaire s'arrêter. On peut d'ailleurs se demander si la souffrance n'est pas souffrance précisément en raison de son manque de sens. Une souffrance qui a du sens est-elle encore une souffrance ? Peut-être faut-il ici situer la différence entre la douleur et la souffrance ? La douleur peut être le signe d'une activité, de l'expression d'une certaine puissance, telle la douleur que ressent l'athlète durant l'effort, douleur parfois intense, mais toujours plus ou moins maîtrisée. En revanche, il suffit que l'effort entraîne une blessure empêchant l'activité d'atteindre son terme, de réaliser le but qui lui donne sens, pour que la douleur devienne souffrance. Elle n'est pas nécessairement plus intense, mais elle est subie. N'est-ce pas d'ailleurs là que se retrouve l'une des significations du terme de patient. Il est celui qui pâtit, celui qui subit. La seule signification qu'on peut donc trouver à la souffrance est de ne pas en avoir, d'être le signe de notre servitude vis-à-vis de causes externes que nous ne maîtrisons pas. Comment donc faire coexister une souffrance qui peut apparaître comme absurde et l'exigence de sens qui est le propre de l'existence humaine ? Est-ce en tentant de lui donner malgré tout un sens, au risque de la justifier et, parfois même, de refuser de la combattre ? Ne faut-il pas plutôt s'opposer à elle, tout en sachant qu'il y a un grand risque que le combat soit perdu d'avance, mais pour tenter de continuer à donner un sens à notre existence malgré sa présence ? C'est à ces questions que nous tenterons de répondre afin de réfléchir sur la meilleure voie à emprunter pour accompagner le patient qui souffre et qui est toujours en quête de sens.

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