Comment enquêter dans les mondes de la drogue quand on est une femme ? Retours réflexifs sur une recherche auprès de personnes consommatrices et vendeuses de drogues insérées socialement

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6 juillet 2021

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Sarah Perrin, « Comment enquêter dans les mondes de la drogue quand on est une femme ? Retours réflexifs sur une recherche auprès de personnes consommatrices et vendeuses de drogues insérées socialement », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.fgm3uc


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Étudier les pratiques illégales a toujours impliqué des questionnements réflexifs approfondis, qui plus est quand ces pratiques (ici l’usage et la vente de drogues) sont le fait d’une population cachée (Spreen et Swaagstra, 1994) cherchant à échapper à un stigmate, qui n’est pas repérée par les dispositifs répressifs et sanitaires. Les mondes de la drogue sont des mondes sociaux aux valeurs virilistes (Neff, 2018), et il est donc intéressant d’analyser la posture d’une jeune chercheuse en sciences sociales sur ce terrain. Cette communication se propose d'analyser la méthodologie employée pour joindre des hommes et de femmes usagers et/ou vendeurs de substances psycho-actives insérés socialement, à Bordeaux et Montréal. Ce travail s’inscrit dans une thèse dont l'objectif est d'analyser les influences réciproques du genre et de l’insertion sociale dans les milieux des ventes et des usages de substances psycho-actives, les structures socio-sanitaires, les structures judiciaires et répressives et les politiques publiques liées aux drogues. Plus de cent entretiens et récits de vie ont déjà été réalisés avec des femmes et des hommes consommateurs et/ou vendeurs de drogues, des acteurs sanitaires, des policiers et des acteurs des politiques publiques liées aux drogues, à Bordeaux et Montréal. Des méthodes différentes ont dû être employées dans les deux villes : étant bien moins intégrée sur le terrain des drogues canadien, il a été nécessaire de passer par des communautés virtuelles d’usagers de substances afin de pouvoir trouver des interrogés, en employant une méthode de « netnography » (Kozinets, 2010). Il a également fallu obtenir la confiance des interrogés (Langlois, 2016), afin de pouvoir mettre en place un effet « boule de neige » (Jauffret-Roustide, 2008). Cette obtention de la confiance passe par le partage de codes culturels communs, pour tenter de ne pas apparaître comme un étranger sur le terrain (Boumaza et Campana, 2007). Le fait d’être jeune a ainsi permis une proximité relationnelle (Venkatesh) avec des interrogés du même âge que moi. Le fait d’être une femme a aussi joué dans ces stratégies d’obtention de la confiance des interrogés, tantôt en complexifiant, tantôt en facilitant l’accès aux terrains (Goyon, 2006). La confiance s'obtient aussi parfois par le partage de pratiques déviantes, telles que l’usage de drogues durant l’entretien ou la participation à des scènes de ventes de substances psycho-actives. À partir de là, plusieurs questionnements éthiques se posent, notamment sur la distanciation du chercheur vis à vis de son objet d'étude et de ses interrogés et sur son engagement moral. L’analyse réflexive de cette méthodologie peut servir aux dispositifs de réduction des risques et de prévention de la délinquance, qui ont bien souvent du mal à aller vers des individus ne fréquentant pas déjà ces dispositifs.

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