10 décembre 2021
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Patrick Thériault, « « Le narrateur se lève » : narration indécidable et fondation illégitime dans Les particules élémentaires de Michel Houellebecq », Tangence, ID : 10670/1.fhdr0v
Le lecteur des Particules élémentaires ne peut qu’être déconcerté par l’apparition, vers la fin du roman et dans le cadre même de la représentation, d’un personnage identifié (au) « narrateur » : « Le narrateur se lève ». En faisant « se lever » ce narrateur-personnage, le texte de Michel Houellebecq soulève une question d’ordre référentiel qu’on ne peut, en toute rigueur, ignorer : qui (quelle instance, quelle voix, quelle figure), en venant comme le dédoubler, s’énonce ainsi à la place du narrateur-personnage ? Le roman n’offre aucune réponse certaine à cette question ; il engramme en cela une forme d’énigme narratologique qu’on peut qualifier d’indécidable. Pour autant, cette énigme n’en est pas moins un index critique et un levier heuristique de première importance, à travers lesquels, comme j’en ferai l’hypothèse, il est possible d’entrapercevoir la richesse épistémologique des Particules élémentaires. De manière plus précise, je m’attacherai à montrer comment, en posant la question du métalangage et en confinant en dernière analyse à ce que Jean-François Lyotard appelle l’« aporie logique de l’autorisation », cette énigme narratologique fait dialoguer le roman de Houellebecq avec le discours philosophique sur la postmodernité et la fin de l’Histoire.