2021
Cairn
Elsa Fornero, « La réforme italienne des retraites : Ombres et lumières d’un parcours d’obstacles », Revue de l'OFCE, ID : 10670/1.fhu77j
Cet article revient sur la genèse puis le parcours politique de la réforme des retraites dite « Monti-Fornero ». Cette réforme toujours active fut rédigée et adoptée en moins de quarante jours en 2011 dans un contexte de pression internationale sur les finances publiques italiennes. L’histoire des réformes débute véritablement, en 1992, sous le gouvernement Amato qui fit adopter des mesures de contrôle du niveau des pensions en les indexant sur les prix au lieu des salaires. Ensuite, en 1995, sous le gouvernement Dini, fut lancée une réforme ambitieuse de transformation progressive d’un régime de retraite reposant alors sur un principe de prestations définies en pensions à cotisations définies. Cette réforme qui devait voir naître un régime de comptes notionnels à l’italienne avait le principal défaut d’une mise en place très lente. Suite à la crise financière de 2009 et la crise des dettes souveraines, l’Italie fut contrainte de faire appel à un soutien européen en 2011. Soutien obtenu en contrepartie de réformes ambitieuses. C’est dans ce contexte que la réforme Monti-Fornero fut votée avec pour principales mesures une accélération de l’agenda de la réforme Dini et une hausse significative des âges minimaux de liquidation. Bien que transparente, soutenable financièrement et donc capable de restaurer la confiance dans le niveau futur des pensions, la réforme n’en a pas été moins impopulaire. Depuis la fin du gouvernement Monti, les partis politiques, y compris ceux qui avaient soutenu la réforme, ont eu tendance à prendre leur distance par rapport à la mesure voire à s’y opposer farouchement. En particulier, la Ligue du nord en a fait un cheval de bataille électorale. Pourtant, en 2018, son entrée au gouvernement n’a pas conduit à un changement fondamental de la réforme mais seulement à des mesures provisoires d’assouplissement. L’histoire italienne illustre la difficulté politique et sociale d’adopter une réforme des retraites dans l’urgence alors qu’il aurait été préférable d’agir tôt dès lors que la fragilité de l’équilibre financier était connue depuis bien longtemps.