7 décembre 2016
Lucas Guffanti, « Pleurer les morts, gueuler la mort : disposer des défunts "indigents" », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.fiz9gm
Cette thèse revient sur les moyens de la prise en charge publique et par les associations de défunts dits ‘indigents’. Si la littérature sur ce sujet insistait grandement sur la catégorie des personnes de la rue et sur les idées de délaissement et de sacrifice, ce travail met en avant les différentes facettes, parfois conflictuelles, de l’intérêt public porté à ces morts. Cette recherche est principalement l’aboutissement d’une ethnographie menée auprès de l’association parisienne du Collectif les Morts de la Rue. Cette association dénonce depuis 2001 les conditions de vie et de morts des personnes de la rue et s’occupe, depuis 2003, des cérémonies funéraires pour tous les corps non-réclamés de la ville de Paris. L’enquête revient sur les motivations des deux groupes de bénévoles coexistant au sein de la même association, l’un se concentrant sur l’activisme en faveur des personnes de la rue (‘gueuler’) et l’autre sur les rituels des défunts non-réclamés, quelle que soit leur origine sociale (‘pleurer’). Ces deux groupes créent des communautés symboliques de morts et de vivants à travers des cérémonies, émotions et rituels. L’insistance du groupe des fondateurs sur l’activisme en faveur des vivants de la rue est parfois en contradiction avec l’implication plus générale de certains bénévoles pour tous les défunts non-réclamés. La thèse revient sur leur cohabitation au sein de la même association et montre comment des références communes à la fraternité humaine et à l’universalité de la mort ne suffisent pas à couvrir des motifs d’engagements divergents.