2015
Cairn
Paul Alerini, « Le dessin d’enfant, enjeu transférentiel », Essaim, ID : 10670/1.fknim6
Le dessin semble avoir perdu la place privilégiée qu’il occupait il y a quelques années dans la pratique de la psychanalyse avec les enfants. Il semble n’être plus qu’un élément parmi d’autres du jeu, « playing », actuellement en vogue chez les jeunes psychanalystes, et c’est souvent ce qui se fait jour quand ils demandent un contrôle. Souvent c’est le découragement à pouvoir interpréter ce qui se dit dans le dessin qui conduit le psychanalyste à chercher ailleurs, dans la manipulation par l’enfant d’objets, jouets ou autres, un terrain plus favorable à un échange et à l’émergence d’une parole. Pourtant, il est admis en dehors même du champ de la psychanalyse que le dessin d’enfant est un texte et qu’il met en jeu une langue dont la syntaxe a été décrite dès 1913 par un philosophe, G.-H. Luquet. C’est ce texte qui est mis en jeu dans le processus analytique, dans le durcharbeitung, et il est déroutant. Il joue un rôle essentiel dans le transfert et avec lui apparaissent les résistances, et particulièrement celles de l’analyste (quand par exemple il a l’impression de ne plus rien comprendre). Mais en outre le dessin est objet, créé, confectionné, et à ce titre peut jouer à un autre niveau dans un enjeu transférentiel (qui n’a jamais eu affaire aux grandes crises d’enfants refusant de laisser un dessin après une séance, dessin qu’ils s’empressent d’oublier une fois rentrés chez eux ?).