2021
Cairn
Robert Chenorkian, « Conception and implementation of interdisciplinarity in the Human-Environment Observatories (OHM, CNRS) », Natures Sciences Sociétés, ID : 10670/1.fldj4l
Les sociétés font face à des crises socioécosystémiques qui affectent de plus en plus une planète anthropisée et globalisée et qui sont un enjeu majeur pour son devenir. Pour répondre à cet enjeu, il faut faire face à la très haute complexité de systèmes très fortement anthropisés dont la compréhension nécessite des interactions entre toutes les sciences de l’environnement (sciences de la Terre, de la vie, de l’homme et de la société – SDE). Dans ce cadre, l’interdisciplinarité n’est pas un choix, mais une contrainte structurelle. L’auteur présente ici un dispositif global d’interdisciplinarité qu’il a conçu et développé dans le cadre du CNRS depuis 2007 dans ce but : les Observatoires hommes-milieux (OHM ; en 2019 treize avaient été créés, répartis en France et dans d’autres pays). Ils ont été organisés dans le cadre du Labex DRIIHM (Dispositif de recherche interdisciplinaire sur les interactions hommes-milieux). Ce Labex, lauréat du PIA1 en 2012 et créé initialement pour 8 ans, vient d’être renouvelé pour 5 ans (2020-2025). Les OHM se dédient à l’étude de sites très anthropisés, marqués par un « événement fondateur » qui vient bouleverser les équilibres écologiques, économiques et sociaux établis depuis des années, entraînant ainsi une crise socioécosystémique majeure (par exemple, un bassin sidérurgique et sa fermeture). Dans cet article, l’auteur énonce les qualités requises pour que cette interdisciplinarité puisse répondre à cet enjeu socioécologique et précise les définitions des démarches de multi-, inter- et transdisciplinarité. Il observe que, dans les OHM, c’est une « disciplinarité éclairée » qui s’est spontanément développée entre les SDE, grâce à cette attitude heuristique d’ouverture d’esprit nommée « indisciplinarité ». Trois exemples de ce fonctionnement sont présentés, qui illustrent la souplesse et la simplicité du dispositif ainsi que son efficience pour permettre le développement de liens entre les scientifiques eux-mêmes et avec la société, dans une perspective de développement durable. Le dispositif OHM/DRIIHM est une des possibilités pour répondre à ce défi.