La Marche mondiale des femmes et la souveraineté alimentaire comme nouvel enjeu féministe

Résumé Fr En

Cet article s’intéresse à l’action de la Marche mondiale des femmes sur le terrain de la souveraineté alimentaire. À l’aide de données recueillies dans ses documents organisationnels et d’entretiens avec une quarantaine de ses représentantes, les auteures montrent comment l’engagement de la Marche envers l’enjeu de la souveraineté alimentaire illustre certains de ses traits les plus marquants comme forme spécifique de militantisme féministe transnational, notamment son ancrage dans les conditions de vie et de travail des femmes des secteurs populaires, ainsi que sa politique d’alliances avec des mouvements mixtes. L’article accorde une place centrale à l’agentivité des femmes rurales et paysannes du Sud et au travail de resignification qui a permis de constituer la souveraineté alimentaire en nouvel enjeu féministe, ainsi qu’aux effets combinés de ces facteurs sur le féminisme de la Marche.

This article focuses on the action of the World March of Women in the area of food sovereignty. Using data from organisational documents, as well as from interviews with 40 of its representatives, the authors show how this engagement with food sovereignty illustrates some of the March’s major traits as a specific form of transnational feminist activism, notably its roots in the living and working conditions of women from the popular sectors, as well as its politics of alliances with mixed-gender social movements. The article grants a central place to the agency of rural and peasant women from the South and the re-signifying work involved in making food sovereignty into a new feminist issue, as well as to the combined effects of these factors on the feminism of the March.