La politique de la non-identité

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2023

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Morten Axel Pedersen, « La politique de la non-identité », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.fm6fvr


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Ce commentaire sur l’article de Marilyn Strathern, « Binary License », examine certaines implications de son affirmation selon laquelle les relations intertribales entre les migrants urbains en Papouasie-Nouvelle-Guinée ne sont pas « ethniques ». En effet, si ces rencontres sociales n’impliquent pas une politique conventionnelle de l’identité, quelle pourrait être cette politique ? En comparant le cas mélanésien de Strathern avec des exemples ethnographiques en Corse et en Mongolie, on peut identifier une nouvelle modalité relationnelle : celle de l’« ethnicité intensive », qui diffère qualitativement de l’« ethnicité extensive » à laquelle les anthropologues se sont généralement intéressés. Les deux formes d’ethnicité sont relationnelles, dans la mesure où la compréhension de soi et l’auto-désignation d’un groupe donné sont dans les deux cas le résultat de ses relations avec d’autres groupes. Cependant, les relations ethniquement extensives, les plus communes dans la littérature anthropologique, impliquent des processus symboliques de création et de maintien de frontières par lesquels des traits ou des contenus culturels contrastés sont arbitrairement assignés et distribués à des formes sociales et à des échelles sociales préexistantes (individus, communautés ou nations). Inversement, les engagements intertribaux plus intensifs décrits par Strathern et certains autres anthropologues sont relationnels de bout en bout, étant donné que tout ce qui concerne les termes de ces relations (y compris leur forme, leur échelle et leur dimensionnement) est défini de la sorte. On peut donc établir un contraste entre une « politique de l’identité » et ce que l’on pourrait appeler une « politique de la non-identité ». Si la première équivaut à une économie ethnique dans laquelle les subjectivités sont échangées à la manière de marchandises et de manière aliénable, dans la seconde, l’usage de la dénomination stéréotypée et d’autres pratiques apparemment « ethniques » équivaut à des insertions non-aliénables de soi dans les autres sous la forme du don.

This commentary on Marilyn Strathern’s article, “Binary License,” discusses certain implications of her assertion that intertribal relationships among urban migrants in Papua New Guinea are not “ethnic.” For if such social encounters do not involve a conventional politics of identity, what then might its politics be? By comparing Strathern’s Melanesian case with ethnographic examples in Corsica and Mongolia, a novel relational modality of “intensive ethnicity” may be identified, one that differs qualitatively from the “extensive ethnicity” with which anthropologists have usually been concerned. The two forms of ethnicity are equally relative, in that a given group’s self-understanding and self-designation are in both cases the result of its relations with other groups. However, ethnically extensive relations of the standard anthropological variety involve symbolic processes of boundary making and boundary maintenance whereby contrasting cultural traits or contents are arbitrarily assigned to and distributed among preexisting social forms and social scales (whether individuals, communities, or nations). Conversely, the more intensive intertribal engagements described by Strathern and certain other anthropologists are relational all the way down, given that everything about the terms of these relations (including their form, scale, and dimensioning) is defined by the particular quality in question. Thus a contrast may be established between the politics of identity and what might be called non-identity politics. If the former amounts to an ethnic economy in which subjectivities are exchanged in a commodity-like, alienable way, then, in the latter, stereotypical naming and other seeming “ethnic” practices amount to gift-like, non-alienable insertions of selves into others.

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