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Laurence Dubois, « "Even the most ignorant among the insane are not beyond the reach of instruction" : l'école à l'Asile de Hanwell ou le pari controversé d'un aliéniste engagé (1839-1853) », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/cve.2590
Une figure se détache dans l’histoire de la psychiatrie victorienne, celle du Docteur John Conolly (1794-1866), rendu célèbre par son action au sein de l’Asile du Comté du Middlesex à Hanwell, un asile pour aliénés indigents, situé dans la banlieue ouest de Londres. Dès son arrivée en 1839, il y met en place une politique de non-restraint (abandon des moyens de contention mécaniques) à une échelle jusqu’alors inédite. La particularité de cette prise en charge thérapeutique est de mettre l’accent sur la qualité de l’environnement et du mode de vie des patients, dans une logique de soins innovante que l’on nommerait aujourd’hui « thérapie d’occupation ». L’éducation est également au cœur des préoccupations du Dr Conolly, et une école est créée au sein de l’asile, à son initiative. Les méthodes pédagogiques, fondées sur la motivation, la confiance et l’encouragement, ne sont pas sans rappeler une certaine conception de la pédagogie défendue par les Owénistes, peu courantes dans la société anglaise contemporaine. Il suffit de consulter l’ouvrage de Robert Dale Owen, An Outline of the System of Education at New Lanark, publié en 1824, pour être frappé par la ressemblance entre les deux approches. La question de l’éducation à l’asile est particulièrement controversée, et reste une source de conflits récurrents. John Conolly, qui est par ailleurs proche des mouvements d’éducation populaire, du chartisme et de l’owénisme, mènera durant toutes ses années d’exercice à l’Asile de Hanwell un combat quotidien en faveur d’une éducation des aliénés indigents. On ne saurait considérer l’engagement de Conolly en faveur de l’éducation comme un geste strictement thérapeutique, car son action s’inscrit manifestement dans le débat plus large de l’éducation des pauvres, dont on sait qu’elle fut l’un des grands questionnements de la société victorienne.