2021
Cairn
Céline Duverne, « L’Éros dans Le Cousin Pons : De l’économie libidinale à l’écriture jubilatoire », L'Année balzacienne, ID : 10670/1.foy0bu
Portée à son paroxysme dans La Cousine Bette, la dynamique érotique semble en net reflux dans le second volet des Parents pauvres. Entre physiologie de la laideur, monétisation du plaisir et perversion de l’échange amoureux, Le Cousin Pons met en scène la déshérence de l’Éros dans ses voies traditionnelles, et condamne la jouissance à adopter des stratégies compensatoires. Gastrolâtrie et bric-à-bracomanie offrent le double visage du conflit matière/esprit qui traverse La Comédie humaine et anticipent les théories psychanalytiques, tandis que le couple ambivalent des deux Casse-noisettes soulève la question des « familles alternatives ». Dans ce roman crépusculaire, Balzac met donc en place une économie libidinale contournée, qui conjure la dissolution de la jouissance et la hantise de la manie par une écriture de la jubilation morbide, hybris d’un créateur exaltant sa puissance au seuil du déclin.