1 novembre 2014
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Luc Ferry et al., « Le lac Alaotra (Madagascar) n'est pas près de disparaître.: Dynamique hydrologique et sédimentaire d'une zone humide d'importance environnementale et socio-économique. », Archive Ouverte d'INRAE, ID : 10670/1.fpvhvq
Le lac Alaotra est le plus grand lac de Madagascar (456 km2 à la cote moyenne de 751,20 m). Il est entouré de marécages et de périmètres irrigués de grande valeur économique formant le principal « grenier à riz » du pays. Cette cuvette a dans le même temps une valeur patrimoniale, écologique, puisqu’elle constitue une zone humide protégée par la convention de Ramsar (1971), abritant un certain nombre d’espèces endémiques menacées. En réalité le « lac » n’est qu’un vaste plan d’eau peu profond qui semble condamné à une disparition par sédimentation. Le bassin environnant est en effet affecté par une érosion très forte, dont les marques (« lavaka » ou « evana ») peuvent être facilement repérées dans le paysage. Si le lac Alaotra est une forme transitoire destinée à disparaître, la question demeure quant à la vitesse du phénomène. Malgré les cris d’alarme répétés dans les médias malgaches et aussi quelques affirmations scientifiques, l’envasement du lac n’est pas évident. Dans une première approche, une analyse critique des arguments soutenant l’hypothèse d’une sédimentation rapide dans le lac est établie. Dans un second temps, des données nouvellement collectées mettent en lumière les processus limitant effectivement la sédimentation. De l’amont vers l’aval, ce sont les débordements dans la plaine lacustre lors des crues accompagnées d’épandages sableux, l’effet d’écran protecteur joué par la végétation aquatique (« zetra ») dans les marais, la remise en suspension des particules fines par le vent et les vagues lors des épisodes de type cyclonique et leur décharge à l’exutoire, enfin un phénomène de subsidence très probable. Contrairement à une idée reçue, une sédimentation significative dans le lac lui-même n’est donc pas démontrée. En conclusion, des options de planification locales sont discutées. La priorité doit être impérativement donnée à l’aménagement des amonts, dont la protection conditionne concomitamment celle des grands périmètres rizicoles ainsi que celle du lac lui-même.