7 décembre 2011
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Samuel Hayat, « « Au nom du peuple français ». La représentation politique en question autour de la révolution de 1848 en France », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.fqtkxq
Sous la Restauration, le mouvement libéral invente une forme politique nouvelle, le gouvernement représentatif. Après la révolution de 1830, sous la monarchie de Juillet, sa mise en oeuvre fait naître parmi les mouvements ouvrier et républicain en construction des usages inclusifs de la représentation politique, visant l’émancipation des représentés par l’association, en opposition avec ceux du gouvernement représentatif, qui reposent sur l’usage exclusif de la représentation comme moyen de gouvernement.La révolution de février 1848 ouvre une période où coexistent plusieurs institutions de représentation du peuple : le Gouvernement provisoire, la Garde nationale, le mouvement clubiste et la Commission de gouvernement pour les travailleurs. S’appuyant sur les usages ouvriers et républicains de la représentation, la réalisation de leur mandat suppose la participation des représentés. Ce système est mis à l’épreuve au cours des journées du 17 mars, du 16 avril et du 15 mai ; chaque fois, la question de la représentation politique est au centre des affrontements sur l’interprétation de ces événements.Les antagonismes qui se révèlent alors aboutissent à la constitution progressive de deux conceptions de la République, la République modérée et la République démocratique et sociale, fondées sur des usages distincts de la représentation politique. Elles s’affrontent au cours de l’insurrection de juin 1848, et la victoire des modérés condamne la République démocratique et sociale à l’oubli. Cette expérience n’est néanmoins pas perdue : après juin 1848, elle est théorisée par Pierre-Joseph Proudhon, pour devenir un des fondements du socialisme démocratique contemporain.