Affaire Moreuil et Cie (1925)

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Le 12 décembre 1925, Mlle Marthe Moreuil est arrêtée par le service spécial de la Sûreté générale. Aviatrice-parachutiste, celle-ci est coupable d’espionnage, ainsi que les nommés Plivier Philipps, sujet anglais, et ses deux associés, William Fischer et John Leather, pour le compte desquels elle travaillait. Philipps est à Paris depuis un an. Fischer, juif polonais, a obtenu la nationalité anglaise à la suite des services rendus durant la guerre à l'armée anglaise, pour le compte de laquelle il faisait de l'espionnage. Marthe Moreuil renouvelle devant le juge d'instruction commis par le Parquet pour ouvrir une information, les aveux faits à la Sûreté. Elle s’est livrée à l’espionnage pour le compte de Leather, Fisher et Philipps, et a fait de nombreux voyages à Saint-Nazaire, Bordeaux, Hyères, Saint-Raphaël et Cuers dans le but de se renseigner sur tout ce qui avait trait à l’aviation, appareils, marques, puissance, dispositifs nouveaux, dépôts d'essence. T.S.F. etc. Elle remettait les documents et renseignements qu’elle pouvait se procurer à Fisher, recevait les instructions de celui-ci et correspondait avec lui quand elle ne pouvait le voir, par le truchement d’un bar de nuit situé 2 boulevard Malesherbes, qui, croyant peut-être à un échange de lettres d’amoureux, se chargeait de remettre aux intéressés les lettres déposées pour eux. Amenés à leur tour devant le juge, Leather, Philipps et Fisher sont interrogés et se défendent d’être des espions. Fisher reconnaît avoir entretenu des relations très intimes avec Marthe Moreuil. Philipps et Fisher reconnaissent avoir servi, le premier comme sous-officier, le second en qualité d’officier dans l’armée anglaise. Marthe Moreuil est écrouée à Saint-Lazare. Ses complices sont écroués à la Santé. Le 18 janvier 1926, une jeune danseuse, Andrée Lefebvre, est arrêtée. Compromise dans l'Affaire d'espionnage Marthe Moreuil, John Leather et Olivier Ernest Philipps elle est extraite de la prison Saint-Lazare et amenée chez le juge d'instruction. Elle déclare qu'elle avait fait à Rouen la connaissance de John Leather, qui s'était présenté à elle sous le nom de Jean Fontanon et avait fini par lui demander de se procurer des renseignements sur les torpilleurs. Quelque temps plus tard, elle avait revu John Leather à Paris. De Paris, elle et lui s'étaient rendus à Saint-Brieuc. A maintes reprises il lui avait versé des fonds en échange des renseignements qu'elle avait pu lui fournir. Et Andrée Lefebvre ajoute qu'Olivier Ernest Philipps n'est pas un inconnu pour elle. Il lui avait été, un soir, à Paris, après dîner, présenté par John Leather, mais il n'avait jamais été question devant lui de renseignements pouvant intéresser la marine de guerre. Mis en sa présence, John Leather reconnaît bien avoir fait à Rouen, dans les conditions indiquées et sous le nom de Jean Fontanon, la connaissance d'Andrée Lefebvre, mais il nie lui avoir jamais demandé des renseignements sur les torpilleurs. Il lui a remis de l'argent à titre privé. Quant à Olivier Philipps, il confirme les déclarations d'Andrée Lefebvre en ce qu'elles pouvaient bien le concerner. Jean Fontanon, dont le nom a été pris par John Leather est entendu aussi. Ce directeur général d'une maison d'édition de films et ancien pilote aviateur de guerre, affirme ne pas connaître John Leather et ne s'explique pas comment celui-ci a pu se servir de son nom. Le 18 mai 1926, la première Chambre correctionnelle rend son jugement : John Leather est retenu comme l'auteur principal. Il est condamné à trois ans de prison et 3 000 francs d’amende. Ernest Philipps et William Fischer sont condamnés à 2 ans de prison et 2 000 francs. Marthe Moreuil et Andrée Lefebvre sont condamnées à 6 mois de prison et 500 francs d'amende. Pour en savoir plus, voir l'article du Petit Parisien du 5 février 1926 sur Gallica.

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