2013
Cairn
Cyril Aslanov, « Bien face à ses homologues en d'autres langues romanes : divergences, influences, convergences », Travaux de linguistique, ID : 10670/1.fups1u
La comparaison entre les diverses langues romanes fait apparaître qu’à partir d’une même origine latine vulgaire, l’adverbe bene a connu de nombreuses variations. La mise en contraste de ces divers emplois peut même toucher à des questions de pragmatique : il n’est que de comparer la différence entre le français je veux bien, expression affaiblie de la volonté ou du consentement mou, avec l’italien ti voglio bene, variante à peine atténuée de ti amo. Dans d’autres langues romanes, les locutions comportant les aboutissements de l’adverbe latin bene se sont figées au point de devenir de simples procédés visant à exprimer l’action ou l’état de ‘plaire’ : on pense notamment au roumain pare bine ou à l’espagnol caer bien ‘plaire’, à parecer bien, quasi-équivalent d’un verbe d’approbation, ou mieux encore, à l’italien va bene ‘d’accord’. Le spectre différentiel des diverses acceptions des continuateurs de bene selon les langues romanes amène à se poser la question de savoir si les développements sémantiques de cet adverbe ressortissent à une logique de monogenèse qui s’est ramifiée dans diverses directions ou bien à une polygenèse présentant quelques points communs inhérents à la valeur initiale de bene en latin tardif.