2007
Cairn
Céline Bayou, « L'épée de Damoclès », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.fz4hsq
Malgré des performances économiques a priori honorables et une stabilité politique notable, le calme apparent qui règne en Lettonie ne parvient pas à dissimuler les menaces pesant, selon la plupart des observateurs, sur l’avenir du pays. Si les élections législatives de l’automne 2006 ont permis de maintenir une certaine continuité gouvernementale, le scrutin présidentiel du 31 mai 2007 a débouché sur la désignation par le Parlement quasiment par défaut d’un candidat inconnu, Valdis Zatlers, aussitôt contesté. Surtout, le premier semestre 2007 a été dominé par les désaccords entre le Premier ministre et la Présidente, V. Vike-Freiberga, quant à l’opportunité de faire adopter par le Parlement des amendements aux lois sur la sécurité nationale. Ces modifications, qu’aucune urgence ne semblait justifier et que V. Vike-Freiberga jugeait malvenues, en particulier dans un contexte politique et économique où la corruption est omniprésente, auraient permis d’étendre l’accès aux informations classées secretdéfense. Quant aux résultats économiques, malgré un taux de croissance de 9 % en 2006 et un potentiel d’exportation certain, ils ne laissent pas, eux aussi, d’inquiéter : la structure du PIB fait la part belle aux activités financières et commerciales, mais révèle un secteur productif toujours atone. En outre, le dynamisme de l’activité s’accompagne d’une forte inflation, alors que le déficit de maind’œuvre ne cesse d’entraîner les salaires à la hausse. La surchauffe annoncée est devenue réalité et les agences internationales de notation ont commencé à rétrograder, ou menacent de le faire, la position de la Lettonie. Point positif dans ce tableau contrasté, les relations du pays avec la Russie se sont nettement améliorées, avec la signature en mars 2007 du traité frontalier, ratifié depuis par la Lettonie et sur le point de l’être par la Russie. Le dialogue bilatéral, notamment dans le domaine énergétique, s’est détendu et la plupart des observateurs estiment que le nouveau Président devrait contribuer à maintenir une relation apaisée avec Moscou.