2019
Cairn
Jehanne-Emmanuelle Monnier, « La médecine comme vecteur des recompositions de l’océan Indien au XIXe siècle », Outre-Mers, ID : 10670/1.g1kvj1
Cet article ambitionne de contribuer à faire émerger le concept d’Indianocéanie, dans ses composantes à la fois africaines, asiatiques et européennes, à travers le thème de la santé et de la médecine. L’océan Indien du xixe siècle est partagé entre plusieurs empires coloniaux et États indépendants, qui sont chacun, à la fois, un facteur de connexion entre territoires unis sous le même drapeau, favorisant par exemple les déplacements internes de malades, et de médecins et une source de division, ce qui se reflète notamment dans le domaine médical par des confrontations entre savoirs et savoir-faire issus de diverses traditions, et par l’instrumentalisation de la médecine dans la compétition coloniale. Pourtant, l’océan Indien apparaît en même temps comme un espace interconnecté, notamment si on le considère par le prisme des épidémies. La dissémination d’une maladie fait apparaître des routes commerciales, migratoires, de pèlerinage. Les épidémies sont aussi l’occasion d’une coopération régionale par l’échange d’informations, de remèdes, de vaccins, de médecins etc. Malgré les barrières coloniales et les différences culturelles, la santé révèle donc une véritable cohérence de l’espace indianocéanique.