1971
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Hervé Chamley, « Recherches sur la sédimentation argileuse en Méditerranée », Sciences Géologiques, bulletins et mémoires, ID : 10670/1.g4ufn9
Les deux principaux thèmes de recherche sont : -les liens qui unissent les roches continentales aux sédiments marins ; -la nature des différents milieux de sédimentation argileuse en Méditerranée. L'étude est conduite selon deux voies : la sédimentation actuelle, des bassins alluvionnaires vers les bassins sédimentaires ; la sédimentation marine quaternaire, des dépôts de la surface vers les dépôts de la profondeur. La démarche s'adresse principalement aux problèmes des argiles ; mais elle aboutit à considérer la sédimentation marine sous un angle plus général. Les roches, sols, suspensions et sédiments fluviatiles du bassin rhodanien sont marqués par l'illite et la chlorite. Dans les suspensions du Bas-Rhône, ces phyllites s'opposent aux minéraux non argileux, par le jeu des crues et décrues. Au large de l'embouchure elles reflètent, surtout l'illite, la dispersion des eaux douces en mer. Au long des côtes de Provence, elles marquent l'antagonisme entre les eaux rhodaniennes et les eaux locales souvent riches en mont-morillonite. Au large s'effectue une sédimentation différentielle et une homogénéisation des dépôts. La répartition des argiles dans l'ensemble de la Méditerranée est discutée. L'héritage est le fait majeur ; des réajustements cristallins de détail sont réalisés lors du transport et du dépôt des minéraux, surtout dans le bassin oriental. La diagenèse n'affecte pratiquement pas les argiles, dans le cas général. Ce n'est qu'en Méditerranée orientale, ou à proximité des zones volcaniques, que peut s'observer un développement notable de minéraux, particulièrement de montmorillonite. Il résulte de cela que les minéraux argileux des sédiments conservent habituellement le façonnement qu'ils ont acquis dans les sols continentaux. Ce façonnement est variable selon le climat, et sa détermination permet de reconstituer les conditions passées. Une méthode paléoclimatologique est proposée, éprouvée, critiquée puis confrontée avec d'autres méthodes. Son intérêt tient notamment à la possibilité de retrouver, dans une séquence continue, la succession des climats continentaux d'une région donnée. Quatre milieux de sédimentation argileuse quaternaire sont déterminés en Méditerranée. Le milieu détritique est le plus répandu : il est reconnu dans l'ensemble du bassin occidental, et dans la plus grande partie du bassin oriental. Les argiles héritées y représentent des témoins fidèles des climats, qui sont décrits depuis la base du Würm. La restitution des chronologies et la vitesse de sédimentation dépendent du caractère homogène ou perturbé des dépôts ; ces derniers peuvent être de nature variée. Le milieu chimique basique, identifié dans des boues calcaires des fosses de Matapan, permet la néoformation d'attapulgite. Le milieu sapropélique, qui s'est développé périodiquement dans le bassin oriental, détermine la dégradation des argiles, notamment de la montmorillonite et des cristallites altérés. Le milieu volcanique se trouve réalisé dans la caldeira immergée de Santorin, où la montmorillonite est néoformée sur les cendres fines poreuses. Dans ces divers milieux, la géochimie des argiles est intimement liée à celle des autres constituants sédimentaires, notamment le calcaire et la silice.