2022
Cairn
Paul Tourret, « Les passages maritimes méditerranéens : continuité stratégique, utilité globale et enjeux nationaux », Confluences Méditerranée, ID : 10670/1.g8icuf
Comme la plupart des mers plus ou moins fermées, la Méditerranée compte quelques passages spécifiques, les plus importants en sont sa sortie occidentale du détroit de Gibraltar vers l’Atlantique et les détroits turcs qui la connectent avec le bassin annexe que représente la mer Noire. Ces deux passages sont autant des seuils maritimes que des lieux stratégiques entre continents. Avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, une nouvelle sortie maritime pour la Méditerranée se dessine mais également un nouveau corridor dans les échanges avec l’Asie. Ces derniers s’inscrivent désormais dans le grand phénomène de la globalisation qui fait transiter des millions de tonnes de marchandises dans l’espace méditerranéen. Le canal de Suez est fondamental pour les échanges euro-asiatiques et l’Égypte entend être plus qu’un état de passage pour développer économiquement son positionnement stratégique avec des ports et des plateformes logistiques. C’est aussi ce que fait désormais le Maroc sur la rive sud du détroit de Gibraltar avec un développement portuaire aussi impressionnant que réussi. Quant à la Turquie, elle poursuit une voie singulière en tentant de faire d’un canal latéral au Bosphore un objet de développement économique dont le futur est encore hypothétique. L’objectif pour l’Égypte, le Maroc et la Turquie est bien de faire de leur position dans l’espace maritime un atout de développement à l’échelle de la globalisation maritime en cours.