12 juin 2013
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Cécile Masson, « Agir en sécurité : le réglé et le géré dans la propulsion nucléaire », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.gadhv0
La mise en place de barrières de sécurité notamment par la standardisation de l’activité des opérateurs a permis au fil des ans d’améliorer significativement la sécurité des systèmes, tels que les installations nucléaires, qui peuvent aujourd’hui être qualifiés de systèmes « ultrasûrs ». La thèse défendue est que la sécurité de ces systèmes s’appuie à la fois sur ces barrières de sécurité mais aussi sur la compétence des opérateurs. Ainsi la sécurité aujourd’hui doit se penser comme l’articulation cohérente d’un ensemble de ressources normatives pour « maîtriser » les risques (la sécurité réglée) et d’un ensemble de ressources adaptatives pour permettre aux opérateurs de faire face à de potentielles situations imprévues (la sécurité gérée). Une étude empirique a été construite pour éclairer cette problématique. Elle met en œuvre des équipes supervisant des systèmes nucléaires similaires mais dans lesquels la place prescrite à l’opérateur dans la gestion de la sécurité n’est pas la même : sur l’un la sécurité normative prévaut ce qui implique la vision d’un opérateur conforme (sans quoi il est « défaillant »), sur l’autre la sécurité adaptative est développée considérant ainsi l’opérateur comme un acteur de la sécurité à part entière. Les résultats obtenus permettent d’identifier une gestion sûre des situations sur les deux systèmes, mais sur la base de comportements d’équipe très différents. Les comportements adaptatifs apparaissent dans les équipes « adaptatives » en cohérence avec l’organisation émergente du travail et avec les modalités formatives. Ces comportements adaptatifs se manifestent aussi dans les équipes « normatives » mais ne sont en revanche soutenus ni par l’organisation du travail ni par les modalités formatives, non constructives. Ces résultats sont discutés en termes de sécurité globale, de « l’agir en sécurité ».