2015
Cairn
Francisco Sevillano Calero, « Le culte de la mort dans l’« État nouveau » espagnol (1936-1941) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.gb2clz
Cet article examine comment la légitimation de l’« État nouveau » en Espagne fut fondée sur la guerre, dès l’été 1936. Celle-ci fut présentée comme bellum iustum, apportant une causa justa à la rébellion militaire, conduite par le don et la grâce charismatiques de son Caudillo Francisco Franco, et défendue par le sang des « martyrs » et de ceux tombés au combat ( caídos) pour la patrie. Une fois installée dans la durée, elle devait s’achever par la destruction totale de l’ennemi, sa dévalorisation morale et sa déshumanisation. La propagation de ces représentations a forgé une culture de guerre, constitutive de l’identité collective de l’España nacional, opposée à l’anti-Espagne. Dans la construction de cette culture de guerre, l’institutionnalisation du culte de la mort ainsi que le transfert d’éléments dogmatiques, liturgiques et rituels du christianisme à la politique furent essentiels.