2015
Cairn
Nicolas Dauman, « La clinique du bourdonnement de J.M.G. Itard et sa généalogie contemporaine », Psychologie Clinique, ID : 10670/1.gb7dh8
Célèbre pour son mémoire consacré à « l’enfant sauvage » de l’Aveyron, Itard fut également le fondateur de l’oto-rhino-laryngologie moderne. La publication en 1821 de son Traité des maladies de l’oreille et de l’audition marque un tournant dans l’histoire de la pathologie auditive, par la valeur propre qu’il accorde à l’expérience subjective de l’audition et la parole du sujet souffrant de surdité. La première théorie du « bourdonnement » est exemplaire de cette approche clinique, que l’audiologie a perpétué avec la notion d’acouphènes. Examinant l’héritage contemporain de cette ouverture à la subjectivité du patient souffrant de ces bruits d’oreille, nous mettons en regard les énoncés des neurosciences et ceux que formulaient Itard deux siècles auparavant. Cette étude des discours scientifiques met en évidence une structure commune de définition du symptôme, qui relève de la situation d’interlocution entre patient et clinicien. Les explorations techniques du XXe siècle furent sans incidence sur ce problème. Nous étudions ensuite l’artifice de langage que constitue la désignation de l’acouphène comme « perception de son(s) », en tant que réification de l’expérience vécue. Une ouverture sur l’héritage humaniste d’Itard est proposée en conclusion, dans la perspective nouvelle que pourrait ouvrir la psychanalyse dans ce domaine.