2006
Cairn
Frédérique Guérin, « Tadjikistan 2005 : Entre optimisme et désillusion », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.gc1hk4
La tentative de démocratisation ébauchée aux lendemains de la réconciliation nationale de juin 1997 n’a pas fait long feu. Le déroulement de la campagne électorale en vue des élections législatives de février 2005, comme l’issue de ces dernières, ont démontré combien le régime de plus en plus autoritaire du président Emomali Rakhmonov n’était en aucune façon prêt à jouer le jeu du pluripartisme. L’opposition, toutes tendances confondues, est réduite à être plus docile ou à disparaître. Les deux explosions survenues dans la capitale en janvier et juin 2005 pourraient être le signe de la radicalisation de courants islamiques, cibles d’une répression accrue dans toute la région. Avec un taux de croissance impressionnant en 2005 (10,6 %), l’économie n’en demeure pas moins toujours aussi fragile en raison d’une dépendance croissante à l’égard des transferts des travailleurs émigrés qui désertent un pays où la pauvreté, bien qu’en diminution, frappe plus de 60 % de la population. Si l’ouverture de grands chantiers devrait permettre d’augmenter la production d’électricité, la faible diversification du tissu industriel (aluminium et coton tributaires des cours mondiaux) ne donne pas de perspectives à moyen terme. Aux abois face à une situation régionale instable, les autorités se sont employées, tout en maintenant des relations cordiales avec les Etats-Unis, à s’assurer le soutien continu de Moscou. Celui-ci, après le retrait de ses soldats de la frontière afghano-tadjike, a déployé, sur la base de Ainy, une nouvelle force aérienne.