1996
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Kurt Bartsch, « " Muß einer denken? " Zur Problematik der Geschlechtpolarisierung im Werk der Ingeborg Bachmann », Austriaca : Cahiers universitaires d'information sur l'Autriche (documents), ID : 10670/1.gep3ql
La dichotomie intellectualité/ sensualité qui structure le poème Erklär mir, Liebe («Explique-moi, amour») ne semble guère pouvoir être différenciée de l’opposition traditionnelle corps/raison, nature/culture, masculin/féminin. Dans ces oppositions, un terme est toujours considéré comme «supérieur» à l’autre, et c’est bien entendu celui qu’incarne le sexe masculin selon cette même tradition. On sait qu’Otto Weininger s’est fait le chantre de cette dualité peu favorable au sexe féminin. Ingeborg Bachmann s’inscrirait-elle dans cette tradition ? L’analyse de Undine geht («Ondine s’en va») montre que non. Dans le personnage d’Ondine, qui représente traditionnellement la nature démoniaque, le féminin étrange, étranger et incontrôlable, le radicalement autre qui fait peur et doit donc être banni, Ingeborg Bachmann dépasse les frontières, la bipolarisation fatale entre âme et corps, raison et sens, masculin et féminin. Quant à l’héroïne de Malina, elle est elle-même divisée entre deux pôles incompatibles et cherche désespérément un langage et une écriture dans lesquels se recomposerait la totalité de l’être.