Typologie des parallèles lexicaux russes-français dans une perspective sémantico-historique

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1999

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Sergueï Sakhno, « Typologie des parallèles lexicaux russes-français dans une perspective sémantico-historique », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.gfffqc


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TYPOLOGIE DES PARALLELES LEXICAUX RUSSES-FRANÇAIS DANS UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE Les personnes connaissant le russe ou s'intéressant à cette langue ne peuvent s'empêcher de se poser des questions sur le bien-fondé de tel ou tel rapprochement lexical entre le russe et le français (et / ou une autre langue qu'ils connaissent). On a trop souvent tendance à restreindre les parallèles aux mots internationaux et aux emprunts évidents, en mettant en garde les enseignants et les apprenants contre tout rapprochement hasardeux ou suspect, contre les «faux amis». Les linguistes passent sous silence l'un des aspects les plus passionnants, quoique difficile à décrire, de la comparaison entre les langues. Mais ce sont surtout les cas «douteux» qui sont importants pour comprendre comment les deux langues fonctionnent et comment le sens est construit. Par exemple, pourquoi avoir peur se dit en russe бoятьcя bojat'sja? Y at -il un rapport quelconque avec бoй boj 'combat'? Si tel est le cas, comment expliquer ce rapport? Ce sont des questions que l'on est en droit de se poser, et on a le droit de les poser aux linguistes. On peut certes dire que c'est un faux problème, ou que le problème est trop complexe pour être résolu sous cette forme. Notons, concernant cet exemple, que le rapprochement de бoятьcя bojat'sja avec бoй boj, бить bit' 'battre' n'est point faux: étymologiquement, il s'agit d'une même racine. Etymologie ou histoire sémantique des mots? Dans les années 1940, V.V. Vinogradov, l'un des grands linguistes russes, avait formulé les tâches de la lexicologie historique du russe, en particulier dans le domaine de l'histoire de la langue littéraire. Vinogradov considère que l'une des questions essentielles est la question de savoir comment le mot, tout en gardant son identité sémantique, peut subir au cours de son histoire de multiples changements et glissements de sens. Par ailleurs, Vinogradov estime qu'il y a une contradiction essentielle (une antinomie) entre la richesse et la complexité des liens sémantiques vivants qu'un mot entretient avec d'autres mots à différentes périodes de son histoire, et la façon «rectiligne» (habituelle et souvent nécessaire) de reconstruire l'évolution sémantique du mot. Le linguiste insiste sur la complexité de la tâche et sur la distinction à faire entre l'histoire sémantique d'un mot et son étymologie au sens strict du terme: «L'étude paléontologique, voire même de façon générale l'étude historico-étymologique des mots, ne saurait être ni identifiée à l'étude historico-sémantique des mots, ni confondue avec cette dernière» (p.8); «L'histoire des mots à travers plusieurs siècles peut être complètement séparée de l'étymologie, car on peut suivre les destins historiques d'un mot à partir de n'importe quel moment de sa vie» (p.13). L'exemple qui est proposé concerne l'étymologie du mot пoдyшкa poduška 'oreiller'. En comparant les avis divergents de plusieurs étymologistes (cf. notamment: 1) < пoд pod 'sous' + yxo uxo 'oreille'; 2) < дyx dux 'souffle; esprit', дyшa duša 'âme'; 3) < emprunt à une langue turcique, cf. le russe тюфяк tjufjak 'matelas'), Vinogradov affirme qu'en dehors de l'histoire réelle et concrète du mot en question, aucune de ces étymologies n'a la moindre plausibilité. On peut remarquer que le dictionnaire Vasmer fait état de plusieurs hypothèses, mais tranche en faveur de дyx dux 'souffle', en expliquant le mot comme 'quelque chose que l'on a gonflé'.

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