28 février 2017
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Dominique Gélinas, « Le sensorium synthétique : réflexion sur l’utilisation de l’expographie immersive numérique et muséale », Conserveries mémorielles, ID : 10670/1.gffw30
La société dans laquelle nous vivons, encense l’expérience où il nous faut « vivre » différentes situations le plus intensément possible. Cette même société où les technologies nous changent incroyablement en peu de temps parce que les dispositifs ne cessent d’être perfectionnés et englobant. Nous apercevons, depuis les années 2000, cette effervescence des technologies dans la diffusion du patrimoine au sein des musées. Plusieurs croient qu’il faut augmenter l’expérience du visiteur et qu’elle soit plus significative afin de le fidéliser à l’institution muséale. L’expographie immersive a toujours continué sa progression depuis sa création, mais elle a repris de la vigueur ses dernières années, surtout dans les expositions conçues et réalisées par les firmes de design où la volonté d’attirer les foules est primordiale.À la faveur de cette montée, une réflexion sur l’impact des technologies dans les musées s’était amorcée, mais depuis 2005, les recherches sont de plus en plus portées sur les usages. Le temps n’est plus à savoir si on doit ou pas utiliser les technologies pour diffuser du patrimoine, mais plutôt comment pouvons-nous les utiliser de manière optimale selon les valeurs du musée? Malheureusement, sur le terrain, faute de temps et de ressources financières, les muséographes transposent dans le numérique ce qu’ils connaissent déjà dans la matérialité. Toutefois, le temps est venu de revisiter l’expographie immersive, vieille de plus d’un siècle, parce qu’elle mérite que nous lui jetions un nouveau regard.Cet article veut tout d’abord dresser un bilan des différentes analyses que l’immersion a subies. Il ne s’agit pas d’en faire l’historique, maintes fois établi, mais bien de comprendre les mécanismes d’utilisation de cette muséographie. L’exposition muséale a longtemps été comprise comme un processus intellectuel, faisant souvent l’analogie d’un texte illustré. Toutefois, l’immersion a été utilisée, non seulement pour faire comprendre un tout, mais également pour évoquer de l’émotivité face au contenu patrimonial. Elle a donc un mécanisme propre que les objets mis classiquement sous vitrine n’ont pas.Ce qui nous amène au deuxième point, soit l’exploration d’un nouveau cadre théorique : l’anthropologie sensible. Retour en force depuis les années 2000 où l’anthropologue-ethnologue redécouvre l'importance des sens dans la culture et revisite des notions comme l’Homme total de Marcel Mauss où l'interprétation des sens est dictée par la culture. Puis, nous nous attarderons sur le passage de la matérialité vers le numérique. Nous survolerons le concept de « remédiation » qui entraîne une réflexion sur l’usage des technologies dans les différentes disciplines. Dans le cas ici présent, quelles seraient les réflexions muséales de base? George Henri Rivière définissait la muséologie comme une science appliquée. La création d’espace muséal expérimental, comme le LAMIC, viendrait enrichir la réflexion sur les possibilités de l’immersion virtuelle. Et l’auteur termine en se questionnant sur l’immersion numérique. Une réflexion qui sera portée sur les apports et les limites de la matérialité et de la virtualité et sur l’authenticité scientifique de ces représentations en images de synthèse.