2016
Romain Loriol, « Stupeur et tremblements ? Les peurs des Romains devant les signes divins, sous la République et l’Empire », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.gfp0yd
L’analyse des représentations de la peur ne permet pas de définir des phobies spécifiquement romaines, ni d’accorder une valeur particulière, parmi les manifestations de l’émotion religieuse, à l’émotion devant le surnaturel. Au contraire, les peurs face aux prodiges sont décrites et évaluées en fonction d’une norme – la crédibilité et la gravité du signe – et d’un idéal – une religio bien comprise, qui atténuent les effets des différences individuelles de sensibilité religieuse. Aussi les sources républicaines et impériales critiquent-elles les débordements émotionnels, tout en montrant l’efficacité des rituels ou des institutions à fonction régulatrice. Mais elles semblent aussi valoriser avec constance une peur mesurée, c'est-à-dire à la fois une émotion contrôlée, éloignée de la superstitio et de l’incrédulité, deux formes dangereuses d’excès, et une émotion proportionnée, qui pousse la communauté ou ses représentants à calibrer leur réaction à l’aune des menaces divines.