2007
Cairn
Sylvie Perrier, « La marâtre dans la France d'Ancien Régime : intégration ou marginalité ? », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.gg5d90
L’expérience de la belle-parenté féminine s’est développée, durant l’Ancien Régime, malgré le poids des stéréotypes qui faisaient de la marâtre un être cruel, une mauvaise mère. Si l’histoire de Cendrillon nous vient spontanément en tête à l’évocation du personnage de la marâtre, c’est un ensemble plus vaste de représentations qui contribuaient à faire de la seconde épouse une cible sociale de choix. Le langage, le théâtre, les dictons populaires, mais aussi la position de l’Église et les écrits des juristes faisaient de ce rôle familial une identité difficile à assumer. L’importance du remariage masculin dans la France moderne suggère toutefois que la recomposition familiale était une nécessité et que les individus résistaient aux perceptions négatives véhiculées dans leur communauté. Ainsi, les veufs hésitaient peu à prendre une seconde épouse et ils trouvaient rapidement une partenaire prête à devenir une belle-mère. Pour ces femmes, être marâtre n’était pas nécessairement l’expérience d’une vie, ni ce qui définissait leur identité. Leur expérience dépendait étroitement de la durée de l’union, de la configuration familiale et des dispositions financières et patrimoniales prises par leur conjoint.