Oppositions religieuses et querelles d’influence dans les cités de l’Italie tardo-antique : à propos d’une audience épiscopale d’Ambroise de Milan

Résumé Fr

Une erreur classique a longtemps consisté à projeter sur les cités de l’Occident tardo-antique (IVe-VIe siècles) un modèle de domination et de toute puissance épiscopale qui, dans les faits, ne se trouva réalisé qu’au haut Moyen Âge, lorsque les élites civiques traditionnelles – qui, tout au long de l’Antiquité tardive, avaient partagé le pouvoir, au sein de la cité, avec les détenteurs de l’autorité religieuse – eurent finalement perdu de manière définitive l’essentiel de leur influence, laissant les évêques seuls aux commandes des cités. Afin que pareilles confusions chronologiques n’aient plus cours, les historiens spécialistes de l’Antiquité tardive s’appliquent, depuis quelques années, à mesurer, avec davantage de précision que cela n’a été fait jusqu’à présent, l’étendue de l’emprise sociale qu’étaient réellement capables d’exercer les évêques de l’Antiquité tardive. En ce cadre spécifique, l’examen des rapports que les évêques-patrons entretenaient avec leurs concurrents, laïques en général, et païens en particulier, constitue un axe de recherche extrêmement riche. C’est dans cette veine que s’inscrit la présente étude, proposant l’analyse d’une querelle d’influence que se livrèrent, en marge d’une procédure d’audience épiscopale concernant un clarissime, deux patrons de grande envergure, l’un chrétien, l’autre païen : Ambroise et Symmaque.