20 mars 2013
Odile Richard-Pauchet, « Diderot et les dames Volland lecteurs de Richardson : échanges de vues, vers une poétique (du roman) épistolaire », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.gi6dc2
Pour Diderot, il allait de soi que Richardson écrivît par lettres ses romans - ce n'était pas là son seul talent particulier, cet usage étant depuis Montesquieu si répandu à son époque. Ce qui était extraordinaire, c'était que Richardson mît ses lettres à la disposition d'une peinture populaire et vivante de la société. On peut penser que si Diderot, à la recherche d'une poétique de l'expressivité à la fois didactique et humaine, lui-même épistolier surdoué, s'est engouffré, une fois l'aventure théâtrale mise en sourdine, dans ce mode d'écriture à la première personne (révélé et relayé un temps par la rédaction de La Religieuse), c'est que les Lettres à Sophie Volland lui ont servi d'exutoire sentimental, mais aussi de second souffle littéraire pendant dix ans au moins (1759-1769) - par la vertu de l'autre avantage remarquable de ce mode d'écriture, sa pente naturelle à la digression philosophique, esthétique ou romanesque. Ceci jusqu'à ce que d'autres modèles s'offrent à lui, comme le dialogue et l'essai, ou même le concurrencent un temps, comme les éblouissants Salons.