Le genre dans la crise, ou ce qui arrive aux « femmes » dans les temps difficiles

Résumé Fr En

L’article soutient à partir du cas grec que la crise économique actuelle, tout en affectant de manière disproportionnée les femmes, rend le genre invisible. En se focalisant sur les « femmes qui travaillent », Efi Avdela montre que cela n’a pas toujours été le cas : durant l’entre-deux-guerres, par exemple, les contenus attribués à la différence des sexes étaient politisés et le genre était visible. Le manque actuel de visibilité du genre consacre son sens en tant que différence naturelle, dissimulant les structures de pouvoir genrées qui répartissent et légitiment les conséquences sociales et politiques de la crise. Enfin, l’auteure soutient qu’il existe une relation entre l’invisibilité du genre et la place marginale des études sur le genre dans une grande partie des sciences sociales de la Grèce contemporaine.

Taking the Greek case as its starting point, this article argues that the current crisis both disproportionally affects women and renders gender invisible. Focusing on the category of « working women », Efi Avdela points out that this has not always been the case : between the two world wars, for example, the content attributed to the difference between the sexes was politicized, and gender was clearly visible. Its contemporary invisibility can be attributed to its naturalization, which dissimulates the gendered structures of power that allocate and justify the social and political consequences of the crisis. Finally, the author argues that there is a relationship between this invisibility and the marginal place of gender studies in the social sciences in Greece today.