Marly-la-Ville "Le Château - Phase 1", département du Val d'Oise (95). Rapport de fouille archéologique préventive du 28/09/2020 au 24/12/2020

Résumé 0

Une première phase de fouille, menée d’octobre à décembre 2020, sur la parcelle dite « Le Château » à Marly-la-Ville a révélé les vestiges d’un site diachronique rassemblant près de 1300 structures archéologiques sur une surface d’environ 1 hectare. Les éléments fouillés permettent d’appréhender l’évolution et la dynamique d’occupation du village ancien de Marly-la-Ville. De nombreux recoupements stratigraphiques témoignent d’une activité humaine sur le long terme se développant principalement le long du réseau viaire. L’occupation du site débute avec quelques vestiges datés de La Tène moyenne. Plusieurs fosses contenant des dépôts de céramiques sont regroupées dans un secteur dont les limites sont peu marquées mais qui semblent indiquer la présence d’un enclos. Une fosse principale localisée au centre contient deux céramiques, plusieurs anneaux en alliage cuivreux et une fibule dont la disposition laisse penser à un dépôt intentionnel de nature funéraire. Aucun reste osseux n’a cependant été découvert.Après un hiatus de plusieurs siècles, l’occupation de la parcelle reprend à la période médiévale depuis la fin du VIIIe siècle jusqu’au XVe siècle ap. J-C. Le premier Moyen Âge se caractérise par la présence de structures d’habitats tels que bâtiments sur poteaux, silos, fosses et fours culinaires. La répartition spatiale de ces structures s’organise le long d’un axe orienté nord/sud repris par la suite à l’époque Moderne et qui correspond encore aujourd’hui à l’axe principal de circulation dans la ville. Les quelques bâtiments sur poteaux repérés correspondent à des bâtiments à deux nefs, avec file centrale de poteaux recevant probablement une panne faîtière permettant l’érection d’un toit à deux pentes. Les structures de stockage sont principalement représentées par des silos dispersés sur l’ensemble de l’habitat sans qu’aucune aire d’ensilage ne soit clairement distinguée. Les activités domestiques sont attestées par de nombreuses fosses aux rejets charbonneux mêlés à des fragments de parois et de sole de foyer rubéfiées. Deux fours culinaires, dont l’un a fait l’objet d’un prélèvement de sole en vue d’une datation archéomagnétique, attestent de la cuisson d’aliment comme le pain. Près d’une trentaine de sépulture sont associées à cet habitat. Un secteur funéraire se démarque particulièrement avec le regroupement de 18 inhumations. On note pour cet ensemble un alignement de plusieurs tombes et une organisation en travées. Les squelettes, souvent mal conservés, semblent correspondre à des sujets jeunes, voire immatures. Les autres sépultures sont dispersées à travers l’habitat par petit groupe de 2 ou de façon isolée. Les datations C14 effectuées sur une sélection de 8 sépultures réparties sur l’ensemble de l’emprise permettent de circonscrire la période d’inhumation depuis la fin du VIIIe siècle jusqu’à la fin du Xe siècle.La seconde phase d’occupation médiévale se caractérise par une forte concentration de structures le long d’un second axe de circulation perpendiculaire au premier et orienté ouest/est. Le bâti sur poteaux est moins bien perçu du fait des nombreux recoupements de structures. Trois caves à cellules latérales, qui ne sont pas associées à des bâtiments, ont pu être fouillées dans leur intégralité. Bien que de dimensions différentes, elles présentent le même plan en croix avec un escalier d’accès et trois cellules latérales. Deux de ces caves montrent un très bon état de conservation avec les voûtes des cellules latérales encore en élévation pour partie. Pour l’une d’entre elle, l’escalier d’accès est parfaitement conservé avec un système de marches en plâtre et pierres calcaires. Les éléments céramiques collectés le plus souvent dans les niveaux de sol en terre damée permettent de dater l’occupation de ces caves entre le XVe et le XVIe siècle.Les structures en creux restent bien documentées pour cette période d’occupation avec la présence de nombreux silos parfois très riches en mobilier. Contrairement aux silos carolingiens aux profils ampoulés, ces structures de stockage présentent la particularité d’être équipée d’un système de marches creusées directement dans le substrat géologique et permettant d’en faciliter l’accès. Leur forme en plan est davantage subcirculaire voire carrément quadrangulaire, avec des parois souvent droites.D’autres fosses plus énigmatiques ont également été fouillées. Elles se présentent sous la forme d’un creusement de forme ovale avec fond en cuvette et dont les parois sont empierrées. Ces maçonneries sont constituées par de grosses pierres de grès et quelques pierres calcaires grossièrement équarries montées à sec. Certaines de ces fosses sont reliées entre elles par un système de caniveaux construits à l’aide de bloc de grès équarris suggérant une circulation d’eau. La présence quasi systématique d’un sédiment limoneux-argileux gris vert dans le fond des structures tend à confirmer une stagnation d’eau. L’interprétation de ces fosses reste encore à déterminer.Une première observation du mobilier céramique a permis d’observer la présence de nombreux réchauds de cardeurs utilisés pour faciliter le peignage de la laine de mouton, attribués à la période du milieu du XVIe au début du XVIIe siècle. Ces céramiques provenant de l’atelier de potier de Fosses situé seulement à quelques kilomètres du site attestent d’activités liées à l’artisanat de la laine. L’ensemble du mobilier évoque une occupation domestique classique tournée vers les activités agro-pastorales.La fouille a également concerné de nombreux vestiges d’époque Moderne se rapportant principalement aux espaces de jardin classique du château daté du XVIIIe siècle. La mise au jour de nombreuses fosses de plantation confirme la présence d’un espace paysager composé de perspectives et d’alignements d’arbres. Plusieurs lignes de composition perpendiculaires orientées nord/ sud et est/ouest sont apparues. Elles sont matérialisées par de petits fossés parallèles délimitant des allées ou chemins permettant la circulation au sein du parc. De nombreux alignements de fosses de plantation aux gabarits et espacements réguliers ont également été observés. A l’ouest de l’emprise, la composition rectiligne paysagère est rompue pour laisser place à un ensemble de fosses de plantation formant un grand cercle de près de 20 mètres de diamètre. Les gabarits de ces fosses aux creusements quadrangulaires, s’échelonnant entre 1,30 et 1,10 m de large, laissent penser qu’il s’agit de plantation d’arbres de haute-tige.La fouille a confirmé la présence d’un bassin d’ornement dont l’existence était supposée grâce à un plan d’archives montrant le système hydraulique de cette partie de jardin. De forme circulaire, celui-ci présente une maçonnerie dont seules les fondations sont encore visibles. Ce bassin était alimenté en eau grâce à une canalisation de tuyaux de terre cuite noyés dans une gangue de mortier hydraulique venant se connecter au sud du bassin. Le trop plein d’eau quant à lui était évacué par un exutoire composé d’un caniveau de pierres calcaires se jetant dans une citerne maçonnée également de pierres calcaires.Trois caves d’époque Moderne, dont deux appartiennent sans doute aux bâtiments des communs du château, ont pu être fouillées dans leur intégralité. Bien que de dimensions différentes, elles présentent le même plan rectangulaire avec des systèmes d’accès par escalier droit ou latéral. Des aménagements de niches ou de soupiraux ont pu être observés dans deux de ces caves. Leurs élévations sont constituées de moellons calcaires équarris liés et enduits au plâtre. Les éléments céramiques collectés dans les remblais de démolition permettent de dater l’abandon de ces caves à la fin du XVIIIe siècle.La découverte d’un tronçon de chaussée pavée de grès permet également de documenter l’évolution du réseau viaire durant l’époque Moderne. En effet, l’axe de circulation principale du village, axé nord/sud, semble avoir été dévié lors d’une phase d’aménagement de l’entrée du château. Au cours du XVIIIe siècle, d’après les plans d’archives, on suppose une modification effectuée de manière à pouvoir aménager une entrée monumentale avec avant-cour face au château. Cette avant-cour empiétant clairement sur l’ancien axe de circulation sous-entend que celui-ci ait été dévié. La mise au jour d’une portion de voie à l’intérieur des murs du domaine tend à confirmer cette hypothèse. De plus, la présence sous la bande de roulement pavée de plusieurs ornières pourrait confirmer également une datation plus ancienne de cette voirie.

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