« Penser, matérialiser, déjouer la différence entre les genres. Canon et présent/ce chez Barbara Köhler »: Dossier: « En écrivant le temps présent. La littérature germanophone au début du XXIe siècle » (direction Sylvie Arlaud)

Résumé Fr

Tour à tour poétesse, traductrice, enseignante, essayiste, artiste multimédia, Barbara Köhler (1959-2021) est incontestablement partie prenante du « tournant contemporain » de la littérature de langue allemande. Elle en affiche les caractéristiques en se tenant au croisement entre milieux culturels, critiques et universitaires, en pratiquant des « hybridations fortes » entre les genres littéraires (prose et poésie, mais aussi prose et essai), en donnant toute sa place à l’oralité et au performatif, en accordant enfin une attention particulière à la matérialité des supports. Alors qu’elle est régulièrement citée en Allemagne lorsqu’il est question des poètes contemporains majeurs, elle n’a, à notre connaissance, fait l’objet que de deux travaux en France : le chapitre pionnier de Carola Hähnel-Mesnard dans son ouvrage sur les samizdats culturels en RDA, publié en 2007, et un article paru sous la plume de Laurent Cassagnau en 2021, à l’occasion de la disparition de la poétesse. Nous aimerions apporter à notre tour une contribution à ces éclairages en nous penchant sur cette œuvre protéiforme, à mi-chemin entre fiction, leçon de poétologie et engagement. La différence entre les genres (gender) y sera notre fil conducteur, à travers son traitement esthétique associant canon, temps présent et présence, tant dans la matérialité du texte que dans l’incarnation de ce dernier par l’artiste.