2020
Cairn
Patrick Moran, « La guerre comme marqueur générique dans la littérature narrative des XIIe–XIIIe siècles », Le Moyen Age, ID : 10670/1.glazaq
Parler de genres littéraires au Moyen Âge ne va pas de soi : senti comme trop aristotélicien et classicisant, le vocabulaire générique est souvent perçu avec méfiance par les médiévistes, qui insistent au contraire sur le caractère foncièrement hybride de la généricité médiévale. Prenant le contrepied de cette opinion critique répandue, cet article se fonde sur l’hypothèse qu’il est légitime de parler de genres littéraires médiévaux, et que les cas d’hybridité ou de contamination sont relativement circonscrits. L’exemple de l’écriture de la guerre, particulièrement le motif de l’assaut épique, développé dans les chansons de geste et repris par d’autres genres narratifs, notamment le roman, dévoile non pas une ignorance des questions génériques au Moyen Âge, mais au contraire une conscience précise de ce que tel ou tel genre fait mieux que les autres. L’analyse du « patron générique » offert par la chanson de geste ne relève pas de la contamination mais de l’emprunt délibéré et maîtrisé.