16 mai 2024
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Guillaume Levrier, « Les OGM dans les campagnes, un sujet éternellement européen? », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.gm9awm
L’essor des biotechnologies augmente le spectre d’action et de responsabilité du pouvoir politique. Il n’est plus seulement question de populations et de citoyens, mais de gouverner des sections de biosphère. Cela implique d’interroger les modes de patrimonialité du vivant qui se déclinent sur un territoire. Là où un historien comme Jules Michelet écrivait en 1846 dans Le peuple que « la terre de France appartient à quinze ou vingt millions de paysans qui la cultivent ; la terre d’Angleterre a une aristocratie de trente-deux mille personnes qui la font cultiver », les Européens se questionnent aujourd’hui sur ce qui fonde la propriété des organismes vivants dont nous extrayons les moyens de notre prospérité. L’avènement des nucléases programmables telles que les TALEN ou CRISPR, conjugué aux effets du Brexit, a percuté le modèle de qualification des OGM issu de la directive 2001/18. Cette rupture vient remettre à l’agenda une question fondamentale dont l’issue sera fortement déterminée par le résultat des élections de 2024 ; comment décider ensemble, sur le territoire de l’Union européenne, de ce qu’il pourrait être possible de faire au vivant ?