2017
Cairn
Jean Estebanez et al., « Travailler à faire semblant : les animaux au cinéma », Écologie & politique, ID : 10670/1.gmp82y
Cet article questionne ce que font les animaux de cinéma : travaillent-ils ? En partant d’un cas limite (documenté par quatre mois de terrain en France) où le travail ne se traduit pas par une production matérielle mais par une performance, nous explorons en quoi la participation des animaux ne relève pas uniquement de caractéristiques comportementales mais de compétences acquises lors d’une véritable formation. Dans un cadre très contraint techniquement et financièrement, la professionnalisation distingue des animaux de travail, spécialistes de l’audiovisuel, d’autres animaux de la même espèce, mais non professionnalisés, qui seraient incapables d’effectuer les mêmes tâches. Nous analysons ensuite les motivations subjectives qui rendent possible cette activité commune entre un animal et son dresseur. L’accomplissement, la confiance, la reconnaissance deviennent centrales pour accomplir des tâches complexes comme le jeu d’émotions, qui ne sont pas nécessairement réellement ressenties par les animaux. Source potentielle de souffrance, de domination ou de joie et d’émancipation, le travail des animaux au cinéma porte les mêmes enjeux que le travail des animaux, d’une manière plus générale, voire que le travail humain, pour lequel l’engagement subjectif et le besoin de reconnaissance sont des enjeux vitaux.