12 avril 2017
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Javier Fernández Sebastián, « La recepción en España de la Histoire de la civilisation de Guizot », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.gnkjnq
Au sein de l’importante floraison de littérature historique que connaît l’Espagne des années quarante du XIX° siècle se détache une groupe d’écrivains —Tapia, Cortada, Morón, Pidal, Gil y Zárate—, dont les membres, en dépit de leur disparité, s’inspirent tous, à des degrés divers, du modèle d’« histoire de la civilisation » mis à la mode par Guizot. Ces oeuvres, parmi lesquelles se détache le Curso de historia de la civilización de España de Morón, trouvèrent, en général, leur origine dans des leçons données dans des centres d’enseignement ou de sociabilité politico-culturelle (athénées, collèges, lycées) ; leur analyse révèle le souci d’appliquer à l’histoire espagnole et européenne le contenu des conférences de Guizot à la Sorbonne, avec adaptation de quelques postulats de l’homme d’Etat français à la vision du monde propre au libéralisme modéré espagnol. Bien qu’il ne s’agisse pas, en majorité, d’historiens professionnels, leur réflexion sur les méthodes historiques les conduit à esquisser ce qui constitue déjà une certaine « histoire de l’historiographie ». Quoique, naturellement, ces oeuvres ne soient pas exemptes d’un arrière-fond idéologique —parfois apparaissent même des indices de polémique avec leur modèle français—, on voit y prédominer la volonté historiographique. Tout autre est le cas des textes majeurs de caractère catholico-apologétique, comme El protestantismo de Β aimes (1842-1844) et l’Ensayo de Donoso (1851) qui peuvent être considérés, dans une grande mesure, comme des répliques à la vision historiographique « guizotienne » de la civilisation (concept, celui de « civilisation », dont l’évolution et les emplois idéologiques dans l’Espagne de l’époque font l’objet d’une série de considérations dans la dernière partie du travail)