"Le « ou » d'Hervé Guibert" (Intervention lors du colloque international "Les chambres à soi de Hérvé Guibert : photobiographies de l'intime")

Résumé Fr

La pudeur ou l'impudeur interroge Hervé Guibert lorsqu'il capte au jour le jour les ravages provoqués sur son corps par le virus du VIH. Le corps se trouve documenté, au sens le plus affectif du terme : comme on déplie sa hauteur sur une toise, pour mesurer et constater.Il s'agira de s'interroger sur la place qu'occupe le verbe dans ce documentaire épidermique. Si la madeleine suffit à Proust pour convoquer les mots des mémoires lointaines, chez Guibert, ce sont précisément les mots, performants, qui sont vecteurs des souvenirs, dans une amnésie inversée.Il faudra alors questionner le terme même d'impudeur, quand celle-ci prétend désigner l’exhibition de la maladie. L'impudique retire à l'auditeur sa reconnaissance, annule la confidence comme confidence, comme si l'oreille avait pu être n'importe qui, plutôt que moi. Le pudique au contraire, dans un dispositif du voir, cherche le recoin, les replis, comme un geste du soir qu'on retrouve au matin, comme une chambre à soi qu'on regagne au sein même de l'entreprise spectaculaire.