Propriété et souverainetés impériale et nationale dans la Méditerranée orientale de l’entre-deux-guerres

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2017

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Propriété Méditerranée fascisme Empire ottoman translocalité souveraineté Property Mediterranean fascism Ottoman Empire translocality sovereignty


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Alexis Rappas, « Propriété et souverainetés impériale et nationale dans la Méditerranée orientale de l’entre-deux-guerres », Revue d’histoire moderne et contemporaine, ID : 10670/1.gsw5h4


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Une riche historiographie internationale a mis en lumière le rôle des violences intercommunautaires, des transferts de population et de la redistribution massive de propriétés dans la consolidation des identités nationales dans les États successeurs de l’Empire ottoman pendant l’entre-deux-guerres. En dépit de précautions analytiques, l’essentiel de ces études offre une représentation statocentrée de la nationalisation des appartenances en Méditerranée orientale. Cet article revisite ce récit en s’appuyant sur les démarches entamées par des chrétiens orthodoxes et des musulmans contestant les identités politiques qui leur sont assignées suite au traité gréco-turc de Lausanne de 1923, dans le but de préserver leurs propriétés. Établis dans le Dodécanèse alors sous administration italienne, ces acteurs s’appuient sur les anxiétés coloniales des autorités fascistes concernant leur souveraineté contestée sur cet archipel récemment occupé (1912) et sur la volonté du gouvernement mussolinien de renforcer l’influence de l’Italie dans la région. Ce faisant ils deviennent co-concepteurs d’une nouvelle citoyenneté « égéenne » ou « italienne mineure » qui les place au sommet de la hiérarchie coloniale italienne. Cet article montre la mise en œuvre de « translocalités » au sens où il remet en cause la correspondance axiomatique entre identité politique et territoire en vigueur dans la théorie de la nationalisation des appartenances dans la Méditerranée orientale de l’entre-deux-guerres. Dans la mesure où le gouvernement italien utilise un répertoire national plus qu’« impérial » pour défendre les intérêts de ses sujets coloniaux, l’article questionne également l’opposition normative entre « empire colonial » et « nation » comme deux formations politiques incommensurables l’une à l’autre.

A vast literature has documented the key role of inter-communal violence, population transfers and the reallocation of confiscated property in the consolidation of mutually exclusive national identities in the interwar successor states of the Ottoman Empire. Despite their analytical sophistication, these studies adopt for the most part a statocentric perspective on the nationalization of identities in the Eastern Mediterranean. This article revisits this narrative by highlighting the initiatives of Christians and Muslims defying the political identities assigned to them by the Greek-Turkish 1923 Treaty of Lausanne with a view to preserve their properties. Settled in the Italian-controlled Dodecanese, these historical actors leverage on the fascist authorities’ colonial anxieties regarding their contested sovereignty in the recently (1912) occupied Dodecanese and on the Mussolinian government’s objective to bolster its political prestige in the broader region. By so doing this article argues that these Christians and Muslims become co-creators of a new “Aegean” or “minor Italian” citizenship positioning them at the apex of the Italian colonial hierarchy. Challenging the axiomatic correspondence between political identity and territory in the historiography on the nationalization of senses of belonging in the interwar Eastern Mediterranean, this article thus highlights processes of “translocality.” To the extent in which the Italian government borrows more from an “national” rather than “imperial” repertoire to defend internationally the interests of their subjects, this paper further questions the normative opposition between “colonial empire” and “nation” as two mutually incommensurable political formations.

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