2001
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Jan Nyssen et al., « Les daget : une technique traditionnelle de conservation des sols et de l’eau au Tigré (Nord de l’Éthiopie) et son intégration avec la technologie introduite », Espaces tropicaux (documents), ID : 10670/1.gt6ujg
Traditionnellement, les paysans des Hauts Plateaux du Tigré (Nord de l’Éthiopie) établissaient des bandes non cultivées d’environ 2 m de largeur le long de la bordure inférieure de leurs champs. Une telle bande d’herbes réduisait la vitesse de l’eau de ruissellement, provoquait son infiltration et piégeait les sédiments. Le sol déplacé par les labours (érosion mécanique sèche) s’y accumulait également. Année après année, ces rideaux, localement appelés daget, devenaient plus élevés, atteignant des hauteurs comprises entre 0,3 m et 3 m. Des herbes et des arbustes occupent le talus et une bande plus ou moins large sur la crête. Cet article décrit la technique des daget et analyse l’évolution et les raisons de la destruction partielle de ces structures. L’analyse stéréoscopique de photos aériennes montre que pour la région d’étude près de Hagere Selam (13° 39’ N, 39° 10’ E, altitude de 2 650 m), 20,7 % des principaux daget (hauteur de plus d’un mètre) ont disparu entre 1974 et 1994. Ils restent néanmoins un élément important dans le paysage (45,4 m/ha de champs cultivés). Parmi les rideaux moins importants, une plus grande proportion a été nivelée dans le but d’augmenter la superficie des parcelles et de répandre leur sol fertile sur tout le champ. Famines et appauvrissement ont poussé les paysans à augmenter la production immédiate de cette manière. Depuis la fin des années 1980, les paysans ont construit des murets en pierres sèches sur la majeure partie des terres cultivées : en moyenne 112,2 m/ha entre 1989 et 1994. La construction de ces murets a mené au développement de terrasses de culture. Particulièrement ces dernières années, on cherche à intégrer les connaissances traditionnelles des daget lors de la construction des murets en pierres sèches.