Le siècle allemand des réformes militaires ottomanes (1880-1960) :un exemple de transfert de savoirs militaires

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À la fin du xixe siècle, la Sublime Porte est marquée par la perte de ses provinces européennes et africaines. Les Ottomans sont tiraillés entre l’admiration qu’ils portent à l’Occident comme modèle stratégique, et leur haine à l’égard des Européens, conséquence des défaites que ces derniers ont infligées à la dignité impériale turque. Ces nombreuses pertes territoriales consécutives constituent des traumatismes fondateurs qui conduisent Constan­tinople à se repenser, à réviser sa stratégie et la seule lecture ottomane de l’histoire. Le choix d’un nouveau modèle à imiter se porte sur l’Empire allemand et sa culture nationale de la puissance militaire. Sous l’égide de « passeurs stratégiques » comme Colmar von der Golz, la conception prusso-allemande de la « nation armée » ( Das Volk in Waffen) va déboucher sur un nouvel ordre (« Nizam ») structuré par le nationalisme turc.

At the end of the 19th century, the Sublime Porte is marked by the loss of its European and African provinces. The Ottomans are torn between their admiration for the West as a strategic model, and their hatred for Europeans as a result of the defeats they have inflicted on Turkish imperial dignity. These numerous consecutive territorial losses constitute foundational traumas which lead Constantinople to rethink itself, to revise its strategy and the only Ottoman reading of history. The choice of a new model to emulate falls on the German Empire and its national culture of military might. Under the aegis of "strategic educators" like Colmar von der Golz, the Prussian-German conception of the "armed nation" (Das Volk in Waffen) will lead to a new order ("Nizam") structured by Turkish nationalism.